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Et c'était hier
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20 Août 2014 - Duverger JP
Et c'était hier

Vous avez évidemment vibré aux exploits des athlètes français à Zurich, quel bonheur, quels bonheurs et quel meilleur moyen pour nous préparer à la saison nouvelle.

Pensez à vos certificats médicaux avant que tout le monde ne se rue chez le généraliste; et patientons jusqu'au 3 Septembre pour les grands et le 6 pour les petits.

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Et pour patienter, je ne résiste pas au plaisir de diffuser  ce "petit" message de Patrick Montel sur Facebook. On pense ce qu'on veut de ce Monsieur mais quel enthousiasme, quel vulgarisateur de l'athlé; comme on dit, il est dedans ! Moi je dis Merci


"Avec le temps, va tout s’en va

La passion égare, isole et se moque éperdument des repères, de ces juges de paix muets qui étalonnent la vie d’un homme. La naissance, l’adolescence, la maturité et la vieillesse qui annonce le trépas. Elle consume les existences des inconséquents, des naïfs qui se parent de ses atours, dans l’espoir d’accéder à l’éternité. La passion est une cigarette oubliée ...
négligemment sur le coin d’un cendrier. Dans la tiédeur d’un été en sursis, la reine Muriel tire sa révérence, comme seule, une championne d’exception sait le faire. Toute de lumière et de discrétion. Je me souviens encore de son sacre d’Annecy. Championne du monde junior sur 200 mètres. 1998. Non sans blagues ? 16 années avalées d’une seule traite sans même chercher à reprendre sa respiration. Muriel avant de se retirer sur la pointe des pieds, m’entoure une dernière fois de sa bienveillance. Les mots entre nous sont vains. Elle sait et je sais qu’elle sait. La France vient d’exploser tous les compteurs, mais pour l’heure seule compte pour moi le tapis serein que ses copines du relais déroulent sous ses pieds, pour amortir l’ultime sortie de piste. La douce Marie a brillamment lancé la farandole des adieux. Et puis la fée Muriel a pris une dernière fois le témoin, acceptant le temps d’un tour de piste de se grimer en sorcière, son masque de beauté déformé par l’effort. Agnès la novice a fait de son mieux pour maintenir la cadence mais entre-temps, le chrono et l’expérience ont parlé. A peine le temps de respirer que Floria l’ultime relayeuse piégée par le trafic se retrouve 4ème, loin trop loin du podium. Ce qui se passe ensuite échappe à tout entendement, réfute toute logique. Floria qui est passé à côté de sa course dans le 400 mètre individuel, réalise le retour le plus improbable de l’histoire de l’athlétisme. En tout cas pour autant que je m’en souvienne, parce que dans ces instants-là, plus rien ne compte que l’extase et le rêve. Floria qui grappille mètres après mètres comme si elle volait et ne courait plus seule vers la victoire. Floria sublimée est tout à la fois, Muriel, Marie Jo et Colette. L’espace -temps s’étire brutalement. Ma mémoire se brouille et plus rien n’existe alors que cette onde dévastatrice de bonheur qui irradie l’atmosphère. La passion dissocie cruellement le corps de l’esprit. Seul le premier affiche les stigmates du temps qui passe.
Une nuit. Il ne se sera passé qu’une seule nuit entre l’enfer et la rédemption. Quelles émotions se sont bousculées dans la tête du guerrier Mohiédine, cette soirée de triomphe annoncé sur le steeple ? Mohiédine qui se savait intouchable en Europe, pressentait une course achevée bien avant le dernier virage. Lui qui se définit comme un guerrier, un coureur d’instinct, a ôté son maillot avant de franchir la ligne d’arrivée. Il a sollicité de ses bras grands ouverts, les acclamations du public. Comme un footballeur extatique qui d’un geste rare et beau vient de tuer le match. Mohiédine pour sa peine a été disqualifié. Quel crime avait-t-il donc commis ? Celui de se sentir si fort qu’il contracte le temps et associe dans le même élan, course et tour d’honneur. Mohiédine, l’arrogant, avait défié le temps des protocoles. Pour ce crime, il devait expier. Carton jaune sans conséquence, puis rouge par la petitesse des esprits et l’épicerie des fédérations concurrentes. Une nuit certes mais blanche .Comment expliquer à un champion que tant de sacrifices au quotidien ne signifient rien au regard des apparences ? De quel Mohiédine parle-t-on, tandis qu’il se morfond sans prendre conscience la portée de son geste ? De celui qui est préparé pour défier les invincibles kenyans dans leur pré-carré ou du bad boy qui fait le coup de poing ou bouscule la mascotte ? Tout se mélange dans cette nuit et l’on oublie l’essentiel. L’homme, sa souffrances, sa nudité crue. Celui qui se cache derrière l’image que renvoie l’athlète cerné par les caméras. Combien parmi ceux qui le vouent aux gémonies connaissent seulement Mohiédine ? Au bout de cette nuit interminable, Medhi, Bob, Ghani, Philipe se sont relayés à ses côtés pour le convaincre que la meilleure réponse d’un champion d’exception est sur le terrain. Ce qu’a réalisé ensuite Mohiédine sur 1500 mètres en finale appartient à la légende. Tous ceux qui l’avaient roulé dans la boue se sont levés d’un seul élan pour saluer une performance réservée à la caste des seigneurs. Le temps se gondole, au propre et au figuré. La vérité de la veille est infirmée le lendemain. Sans vergogne. Qu’importe puisque Mohiédine est imperméable à cette modernité tragique. Il savoure sans rancune le temps venu de la rédemption. Ou se situe donc le respect dû à celui qui se dépouille et offre sa souffrance, comme un ersatz de rêve à celui que le contemple ? Dans le vouvoiement convenu ou dans l’empathie et la bienveillance ?

Est-il bien raisonnable de marcher 50 kilomètres à une vitesse inaccessible aux joggeurs amateurs ? L’exploit de Yohann nous ramène à une époque lointaine où l’homme n’avait pas d’autres moyens de locomotion. Si le sport dans son acception ludique était encore balbutiant, il prenait en revanche toute sa place dans la notion vitale de transport. Par sa carrière exemplaire, Yohann n’a pas seulement réhabilité la marche athlétique. Il a prouvé que la modernité n’avait pas de prise sur les valeurs essentielles à la perpétuation de l’espèce. Yohann sous une pluie battante, a traversé durant son épopée toutes les saisons, toutes les époques. Il a eu tout le loisir de croire en sa force, d’observer l’adversaire russe qui acceptait de relever son challenge insensé. Il a douté un instant de sa stratégie de conquête lorsqu’une diarrhée insidieuse est venue perturber son organisme. Yohann, l’excessif a su endiguer la tempête qui grondait dans ses entrailles pour remporter son 3ème sacre continental consécutif. Yohann seul sur la planète Marche, a réalisé un chrono que nul n’avait osé imaginer avant lui. Juste avant de franchir la ligne d’arrivée, sans penser un instant au record qu’il pouvait porter encore plus haut dans les annales, il s’est arrêté pour associer deux drapeaux à son triomphe. La France et le Portugal, la terre natale de son grand père chéri. Fort heureusement, personne n’y trouva à redire. Mais je tremble à l’idée qu’un article réglementaire oublié au fond d’une malle dans un grenier ait pu par des esprits chagrins et pointilleux être exhumé. Yohann emporté par l’extase et la souffrance n’aurait sans doute pas eu la lucidité d’anticiper ce coup bas.

Kevin Menaldo le talentueux perchiste médaillé paré de bronze, m’a confié timidement qu’il suit depuis l’âge de 8 ans l’athlétisme et qu’il ne connait que ma voix pour accompagner la douce musique des pistes. J’en suis tout retourné. La passion m’aurait-elle égaré à ce point ? Je le regarde. Les larmes affleurent. Merde, j’ai son âge après tout. Mon désarroi est probablement trop visible. Kevin Mayer nourri à la solidarité décathlonienne, vient à mon secours. La nouvelle génération me tend la main sans arrière-pensée. Se rendent-ils compte ces gamins qu’en m’adoubant de la sorte ils me font le plus beau cadeau que je puisse imaginer ? Plus tard sur le plateau de France télévision je me laisse emporter par le tourbillon de liesse qui symbolise la fin de championnats, lorsque la moisson a été prolifique. Le temps n’a plus d’importance. Seule compte la jouissance de l’instant.

Lendemain de fête. Gueule de bois dans le TGV qui nous ramène vers Paris. Les héros somnolent ou jouent aux cartes. Une halte à Mulhouse puis à Belfort. Des visages anonymes et heureux sur le quai venus apercevoir au travers des vitres fumées les champions qui durant toute la semaine les ont fait rêver. Une minute, deux au grand maximum avant que le convoi ne reparte. Le temps est rétréci à l’extrême. Clémence Calvin argentée sur 10000 mètres, se lève d’un bond, se précipite à leur rencontre. « Tout de même, ils sont venus juste pour nous voir. On leur doit bien cela ! » Elle a 24 ans, rayonne et crois fermement en la richesse du partage. A cet instant précis je comprends que je dois tout aux athlètes. Que tant qu’ils me considéreront avec bienveillance, mon esprit se moquera de mon corps qui vieillit, des jugements à l’emporte-pièce, du temps qui passe… Et de ces évidences tragiques que je n’ai pas su anticiper, emporté que j’étais par la passion folle qui dévore tout."
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